Évaluation interne des IRSC - Rapport pour l'examen international de 2011

[ Table des matières ]

Cinquième partie : Regard sur l'avenir

Mise en oeuvre du nouveau plan stratégique quinquennal des IRSC

En 2009, le conseil d'administration des IRSC a approuvé le deuxième plan stratégique de l'organisme (2009-2010 à 2013-2014) : L'innovation au service de la santé : de meilleurs soins et services par la recherche. Ce plan stratégique est le fruit de consultations intensives auprès des membres du milieu de la recherche en santé, d'une évaluation soignée des forces et des faiblesses des IRSC, ainsi que de délibérations encore en cours sur les objectifs que les IRSC souhaiteraient atteindre d'ici 2014. Le plan stratégique énonce un plan pour assurer la place du Canada sur la scène mondiale de la recherche en santé dans les années à venir. Ce plan repose sur quatre orientations stratégiques.

Figure 22 : Plan stratégique des IRSC (2009-2010 à 2013-2014)

Figure 22 : Plan stratégique des IRSC (2009-2010 à 2013-2014)

Figure 22 : description détaillée

Le plan stratégique est assorti d'un plan de mise en oeuvre triennal. Ce plan de mise en oeuvre met en relief les activités que les IRSC entreprendront au cours des trois prochaines années pour réaliser le plan stratégique. Il expose également certains des résultats clés obtenus au cours de l'année financière 2009-2010.

En janvier 2010, les IRSC ont mis sur pied le Bureau de la mise en oeuvre du plan stratégique, dont l'objectif est de soutenir les IRSC dans leurs efforts de mise en oeuvre du plan stratégique, y compris des trois réformes décrites ci-dessous. L'objectif est de faire du Bureau un centre d'expertise au chapitre de la planification de la mise en oeuvre et de la gestion du changement. De plus, il offre au Conseil scientifique et au Comité de la haute direction un centre d'intégration et de coordination pour toutes les activités de mise en oeuvre du plan stratégique. Enfin, il peut fournir des pistes de mise en oeuvre, ainsi que des méthodes éprouvées de gestion du risque et du changement.

Réformes

Les IRSC ont planifié trois réformes majeures visant à réaliser leurs orientations. Ces réformes auront des répercussions importantes sur la manière dont les IRSC accomplissent leur mandat. Elles toucheront la série des programmes ouverts, le système d'examen par les pairs et le processus d'investissement stratégique. Les liens entre les trois réformes sont schématisés ci-dessous.

Figure 23 : Interrelations des réformes proposées pour réaliser les orientations stratégiques des IRSC

Figure 23 : Interrelations des réformes proposées pour réaliser les orientations stratégiques des IRSC

Figure 23 : description détaillée

Réforme du système d'examen par les pairs

La capacité des IRSC à appuyer l'excellence en recherche en santé dépend de la qualité de son système d'examen par les pairs. Le premier Comité d'examen international (CEI) avait déjà remarqué des signes de fatigue dans un système débordé; de plus, lorsque le président a effectué sa récente visite pancanadienne, de nombreux chercheurs ont formulé des inquiétudes à propos de la qualité inégale du processus d'examen. Le recrutement de membres pour les comités est aussi un problème récurrent, en partie à cause du manque de reconnaissance de la valeur de ce service essentiel. Les IRSC ont donc décidé d'entreprendre une réforme de l'examen par les pairs qui garantira que toutes les demandes seront évaluées avec le même degré de rigueur et d'équité, peu importe le domaine de recherche ou la méthodologie, qui s'adaptera à l'évolution de la recherche et qui fera un usage optimal de notre ressource la plus précieuse : les pairs.

Au coeur de cette réforme : la création d'un collège d'examinateurs. Le collège sera formé de chercheurs émérites, canadiens ou étrangers, dont l'expertise combinée couvrira la totalité de l'éventail de disciplines liées au mandat des IRSC, et comprendra des utilisateurs des connaissances qui pourront aider à juger de l'impact des projets de recherche. Une invitation à faire partie du collège constituera une marque de prestige, et sera reconnue comme telle par les IRSC et les établissements de recherche. Les membres du collège seront soutenus par des programmes de formation, de gestion du rendement et de reconnaissance. Le collège permettra la création d'un système d'examen par les pairs agile et capable de répondre à la variété des demandes présentées aux IRSC, et suffisamment polyvalent pour s'adapter à la nature sans cesse mouvante de la recherche. En outre, le collège reflétera le fait qu'un système d'examen par les pairs sain, fonctionnel et de grande qualité découle d'un effort collectif, auquel les candidats, les examinateurs, les bailleurs de fonds, les établissements et les partenaires doivent tous contribuer pour pouvoir en retirer des bénéfices.

Réforme de la série des programmes ouverts

Les IRSC ont créé une série de programmes de financement ouverts aux demandes de tous les domaines de la recherche en santé et de l'application des connaissances. Au cours des années, ces programmes ont été confrontés à certains défis, qu'il s'agisse de l'augmentation du nombre de demandes ou de la baisse du taux de réussite aux concours organisés pour ces subventions, ce qui a mené à un gaspillage des ressources, tant au niveau de la préparation des demandes que de leur examen par les pairs. Dans ce contexte, quatre nouveaux cas problèmes sont apparus :

  1. le soutien aux propositions réellement novatrices mais risquées, qui ne sont pas étayées par une masse de données préliminaires;
  2. la possibilité pour de jeunes chercheurs talentueux et bien formés d'obtenir leur première subvention des IRSC;
  3. le soutien à des chercheurs d'expérience, productifs et créatifs, par l'allocation d'un montant assez élevé pour leur permettre de mener des programmes de recherche révolutionnaires;
  4. la recherche de l'excellence dans les quatre thèmes de la recherche en santé.

En réformant la série des programmes ouverts, les IRSC pourront créer une nouvelle série de programmes stables capables de mettre à profit les forces déjà présentes, d'exploiter les idées générées par un bassin illimité de candidats (individus ou équipes), d'inviter des candidats dont les idées couvrent la totalité du domaine de la recherche en santé à présenter des demandes de financement, et de s'appuyer sur les forces du marché pour générer de nouvelles idées et de nouveaux projets.

Réforme du processus d'investissement stratégique

Outre la série des programmes de financement ouverts, les IRSC ciblent leurs investissements de façon à combler les lacunes observées dans certains domaines ou milieux de recherche précis et à tirer profit des forces du Canada. Plusieurs défis sont apparus au cours des années : par exemple, le soutien à un grand nombre d'initiatives a dilué les fonds disponibles pour chacune d'entre elles. La présente réforme a été proposée en réponse aux commentaires des membres de la communauté des IRSC, qui demandent un plus petit nombre d'initiatives mieux ciblées pour ainsi optimiser les investissements. Ces initiatives ciblées devront également s'intégrer harmonieusement à la nouvelle série de programmes ouverts décrite à la section précédente, afin d'en assurer l'excellence et de réduire le fardeau du processus d'examen par les pairs. Dans le cadre de la réforme, un nouveau processus annuel a été récemment mis sur pied pour définir et planifier les initiatives ciblées. Le processus a pour objectifs de concentrer des ressources limitées dans un plus petit nombre d'initiatives mieux financées, de simplifier la communication entre les IRSC et leurs partenaires du milieu de la recherche et d'encourager la collaboration entre instituts et directions pour l'établissement de priorités stratégiques.

Il s'agit d'un processus annuel, qui commencera par une évaluation des domaines prioritaires afin d'obtenir une idée générale des investissements offerts par les programmes ouverts et stratégiques et d'en évaluer les forces, les lacunes et les possibilités. Cette évaluation nécessitera la participation de tous les instituts et de leurs conseils consultatifs (CCI). Les résultats obtenus seront alors utilisés par le Conseil scientifique, qui organisera une séance d'établissement des priorités. Une fois les cibles des investissements déterminées, un nombre limité de documents de conception résumant les initiatives stratégiques principales seront soumis au Conseil scientifique pour approbation. Les documents de conception approuvés seront alors étoffés pour devenir des analyses de cas utilisées aux fins de la prise de décisions relatives au financement.

Stratégies d'habilitation

En plus des initiatives stratégiques spécifiques, il existe un certain nombre de stratégies en cours d'élaboration qui pourraient servir en quelque sorte à faciliter l'application des priorités de recherche du plan stratégique dans leur ensemble. La figure ci-dessous illustre les liens entre les priorités de recherche et ces stratégies.

Figure 24 : Stratégies d'habilitation actuelles

Figure 24 : Stratégies d'habilitation actuelles

Figure 24 : description détaillée

Stratégie de recherche axée sur le patient

Cette stratégie a été élaborée afin d'aider le système de soins de santé canadien à faire preuve d'innovation pour assurer sa viabilité et son efficacité en fonction du coût47. Le Canada possède des atouts importants dans ce domaine, notamment un système de soins de santé et un milieu de recherche de grande qualité, une expertise unique en matière de revues systématiques, une feuille de route impressionnante en matière de percées scientifiques et d'études cliniques à haut facteur d'impact et l'accès à des bases de données administratives sur les populations comme fondement de la recherche.

Voici les principaux éléments de cette stratégie :

Le recrutement et la conservation des cliniciens-chercheurs, malgré les facteurs de dissuasion associés à l'économie et au mode de vie, est au coeur de cette stratégie. Bien que 245 titulaires de doctorats de plus aient reçu un appui salarial des IRSC en 2008-2009 par rapport à 2004-2005, seuls 8 professionnels de la santé supplémentaires ont été recrutés. Même si ce défi fait partie des engagements énoncés dans leur plan stratégique, les IRSC ne pourront le relever sans des investissements provinciaux. En fait, la stratégie tout entière ne s'avérera une réussite que si les gouvernements provinciaux y participent en tant que partenaires financiers égaux et s'ils sont prêts à mettre en pratique les nouveaux résultats de la recherche. Cette stratégie arrive particulièrement à point, car l'adoption en cours d'un dossier de santé électronique dans tous les systèmes de soins de santé est une excellente occasion de l'intégrer à d'autres bases de données qui deviendront indispensables pour les services de santé et la recherche en santé des populations.

Stratégie de recherche en santé mondiale

En partenariat avec l'Agence canadienne de développement international, Santé Canada, le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et l'Agence de la santé publique du Canada, les IRSC, représentés principalement par l'Institut de la santé publique et des populations (ISPP), participent à l'Initiative de recherche en santé mondiale depuis 2001, et ont consacré plus de 52 millions de dollars à l'établissement de collaborations entre le Canada et des chercheurs provenant de pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Le partenariat des IRSC avec Grands Défis Canada48 et le CRDI a mené à leur présence au Conseil de direction des Grands Défis et à leur participation au processus d'examen par les pairs en vue d'attribuer 225 millions de dollars, un financement quinquennal du gouvernement fédéral. Ces fonds ont été attribués à cinq grands défis, dont le premier mènera à la création d'une nouvelle classe d'outils diagnostiques faciles à utiliser, peu coûteux et utilisables sur les lieux d'intervention. Les IRSC font aussi partie des six organismes nationaux de recherche49 qui ont fondé, en juin 2009, l'Alliance mondiale contre les maladies chroniques50 pour lutter contre les maladies chroniques non transmissibles en établissant une base de recherche scientifique collective, ainsi qu'en élaborant et en échangeant leurs pratiques exemplaires. La réduction de l'hypertension, la réduction du tabagisme et la pollution intérieure ont été choisies comme priorités initiales. De plus, en 2005, les IRSC ont établi un partenariat avec la Fondation Gates pour financer trois équipes canadiennes qui ont été acceptées dans le cadre du concours de l'initiative Grands défis en santé mondiale, et ont récemment signé un protocole d'entente avec la Fondation pour définir un cadre de collaboration pour la période 2010-2015.

La version de janvier 2010 de la stratégie de recherche en santé mondiale des IRSC met plutôt l'accent sur l'intégration de la santé mondiale aux activités de tous les instituts et programmes, et il est suggéré de s'attarder plus particulièrement aux soins de santé primaires et au renforcement des systèmes de soins de santé. Les IRSC chercheront à créer des partenariats au Canada et à l'étranger qui leur permettront d'avoir un impact plus important sur les objectifs en santé mondiale qui s'harmonisent aux priorités de leur plan stratégique.

Stratégie internationale de recherche concertée

La recherche en santé s'effectue de plus en plus au sein d'équipes multidisciplinaires regroupant plusieurs chercheurs, lesquelles estompent les délimitations traditionnellement établies par les trois Conseils. Ainsi, les IRSC doivent de plus en plus recourir à des partenariats avec d'autres organismes de financement canadiens et internationaux qui partagent leur vision ou leurs priorités. Le Conseil scientifique a donc demandé que soit élaborée une stratégie qui aiderait les instituts à faire un choix parmi la quasi-infinité de collaborations internationales qui s'offrent à eux. Voici quelques exemples des initiatives internationales en cours.

Stratégie internationale de recherche concertée sur la maladie d'Alzheimer des IRSC

Cette initiative porte plus particulièrement sur la détermination des facteurs de risque, le diagnostic précoce, l'intervention précoce et la prévention de la démence. Elle servira à financer la recherche translationnelle, axée sur le patient et portant sur les systèmes de soins de santé, qui pourra à son tour soutenir un système de soins de santé durable pour les personnes atteintes de démence. Les IRSC sont partenaires d'une initiative en neuroimagerie de la maladie d'Alzheimer dirigée par les National Institutes of Health et fournissent un soutien financier aux cinq sites canadiens participants. De plus, un partenariat de financement fonctionnel depuis 2009 a été établi entre les IRSC, le Fonds de la recherche en santé du Québec et l'Agence Nationale pour la Recherche en France. Le Centre allemand des maladies neurodégénératives et le Medical Research Council du Royaume-Uni ont récemment signé une entente de coopération avec les IRSC pour établir et mettre en application des lignes directrices et des technologies harmonisées pour la recherche sur les maladies neurodégénératives. Enfin, un protocole d'entente entre les IRSC et la Fondation nationale des sciences naturelles de la Chine est en cours d'élaboration en vue de soutenir des études conjointes sur le rôle de la microvasculature cérébrale dans la pathogenèse de la maladie d'Alzheimer.

Consortium de génomique structurelle

Il s'agit d'un partenariat public-privé qui élucide et publie chaque année dans le domaine public environ 150 structures tridimensionnelles de protéines jouant un rôle biomédical. Ses laboratoires sont situés à l'Université de Toronto et à l'Université Oxford, ainsi qu'à l'Institut Karolinska. Outre les IRSC, elle est financée par 12 autres agences canadiennes, britanniques et suédoises, GlaxoSmithKline GSK, Merck et Novartis.

Consortium sur les cellules souches du cancer

Ce consortium regroupe les IRSC, Génome Canada, la Fondation canadienne pour l'innovation, l'Institut ontarien de recherche sur le cancer, le Réseau de cellules souches, le Conseil national de recherches du Canada et la Michael Smith Foundation for Health Research en Colombie-Britannique. Il a établi un partenariat avec le California Institute for Regenerative Medicine pour financer des équipes multidisciplinaires travaillant sur des traitements du cancer par les cellules souches.

Stratégie sur la recherche nordique

Cette stratégie s'harmonise à la priorité énoncée dans le plan stratégique, soit de réduire les disparités en santé chez les Autochtones et les autres populations vulnérables. La santé des peuples nordiques, et plus particulièrement celle des Autochtones, est compromise par des facteurs géographiques, le manque d'infrastructures et de ressources humaines, les enjeux environnementaux et les changements climatiques, ainsi que par le déracinement culturel et social. Par conséquent, la santé des personnes habitant le Nord canadien, et plus particulièrement des Autochtones, est la plus fragile au Canada. Cette stratégie, menée par l'Institut de la santé des Autochtones, cherchera à combler les lacunes dans nos connaissances dans trois domaines : l'accès aux soins de santé dans les communautés éloignées; les changements climatiques, la sécurité alimentaire et la santé; les défis en santé propres aux Premières Nations, aux Métis et aux Inuits. Les IRSC espèrent former des partenariats avec Santé Canada et Affaires indiennes et du Nord Canada, de même qu'avec les gouvernements des trois territoires et de deux provinces, Québec et Terre-Neuve-et-Labrador. L'établissement de collaborations avec d'autres pays circumpolaires permettra de poursuivre sur la lancée de l'Année polaire internationale 2007-2009 et le symposium international en santé circumpolaire, qui a eu lieu au Canada en 2009.

Défis futurs

Soutien aux grands projets et à l'infrastructure de recherche

De plus en plus, les questions de recherche en sciences de la vie et de la santé sont abordées par d'énormes consortiums multinationaux comme le Projet génome humain, le SNP Consortium, et le Projet international HapMap. Cette approche, qui est diamétralement opposée à la vision traditionnelle de la petite équipe ayant recours à la méthode scientifique pour confirmer une hypothèse qui était la norme dans le domaine biomédical, pourrait être considérée avec ressentiment par ceux qui craignent qu'elle accapare des fonds qui devraient plutôt être investis dans des subventions de fonctionnement conventionnelles. D'un autre côté, beaucoup de ces consortiums ont eu du succès, et le fait d'en être membres assure aux chercheurs canadiens une place à l'avant-garde de leur domaine et facilite leur accès à des technologies plus perfectionnées. Pour les IRSC, qui sont obligés de consacrer une grande partie de leur financement à la recherche entreprise par les chercheurs au Canada, il est particulièrement difficile de se décider à investir à fond dans les consortiums faisant de la « mégascience », surtout à un moment où la croissance du budget est anémique; le Conseil scientifique a élaboré un processus normalisé lui permettant de prendre rapidement des décisions à propos du financement de telles possibilités.

Les IRSC financent en ce moment deux études de cohortes menées sur de grandes populations :

La FCI a transformé les établissements de recherche canadiens, leur permettant d'acquérir de l'équipement et des installations à la fine pointe de la technologie. Cependant, la Fondation ne finance le fonctionnement et l'entretien de l'équipement que jusqu'à concurrence de 12 % du coût en capital. Assumer les frais de fonctionnement et d'entretien d'un inventaire toujours en croissance d'équipements financés par la FCI jusqu'à la fin de leur cycle de vie devient un fardeau de plus en plus important pour les établissements de recherche, qui se tournent vers les IRSC pour obtenir de l'aide.

Encourager et appuyer l'accès aux données et l'échange de données

La Politique sur l'accès aux résultats de la recherche des IRSC, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2008, exige que tous les articles scientifiques issus de projets financés par les IRSC soient accessibles au public sur le site Web de l'éditeur ou dans un dépôt en ligne dans les six mois suivant leur publication. Afin de compléter cette politique, les IRSC, le Conseil national de recherches du Canada et la National Library of Medicine des États-Unis ont créé PubMed Central Canada53, où les chercheurs financés par les IRSC peuvent déposer leurs publications jugées par les pairs.

En collaboration avec Santé Canada, les IRSC ont mis sur pied le Réseau sur l'innocuité et l'efficacité des médicaments54, qui offre de l'information sur l'innocuité et l'efficacité des produits pharmaceutiques lorsqu'ils sont utilisés par diverses populations de patients hors de l'environnement expérimental contrôlé des essais cliniques. Ce projet a reçu du gouvernement du Canada un total de 36 millions de dollars répartis sur cinq ans.

Toutefois, il est difficile d'avoir accès aux données administratives sur la santé qui sont gérées par les provinces : en effet, les lois et règlements sur la protection des renseignements personnels et le consentement ne sont pas les mêmes au fédéral et au provincial, et varient selon les provinces. Le Réseau sur l'innocuité et l'efficacité des médicaments travaille à l'élaboration d'un centre de collaboration pancanadien qui donnerait accès aux données administratives pertinentes. Comme il est reconnu que l'innocuité et l'efficacité des médicaments sont des éléments essentiels à la protection de la santé publique, on peut prévoir que l'accès aux données administratives sera, pour cette raison précise, vu d'un oeil plus favorable par les gouvernements provinciaux que si ces données étaient utilisées seulement pour de la recherche entreprise sur l'initiative du chercheur.

Enfin, les IRSC travaillent en collaboration avec Génome Canada à la mise sur pied d'une plate-forme nationale d'harmonisation des données, qui permettrait de rassembler ou de comparer des ensembles de données provenant d'études financées par les IRSC et d'autres études de cohortes canadiennes. Les IRSC appuient aussi les efforts internationaux favorisant l'échange de données55.

Développement et évaluation d'équipes de recherche multidisciplinaires

Les IRSC encouragent les équipes qui adoptent une approche multidisciplinaire dans leurs travaux sur des questions complexes relatives à la santé, mais la formation, le maintien et l'évaluation de ces équipes se sont révélés difficiles. Certaines évaluations formatives ont fait ressortir la créativité issue de ces équipes, la richesse de l'expérience de formation pour les stagiaires et les avantages dont ces équipes disposent en AC. Cependant, elles soulignent aussi les difficultés qui surgissent lorsque des chercheurs provenant de disciplines différentes décident de travailler ensemble. Les nouvelles équipes ont besoin d'environ deux années avant d'atteindre leur rythme de croisière, ce qui signifie que le financement habituel des nouvelles équipes, quinquennal et non renouvelable, ne permettrait pas de tirer le maximum de ces équipes. En outre, il est aussi difficile de garantir que toutes les facettes des demandes de financement d'équipes multidisciplinaires seront examinées par des experts, ou d'établir clairement l'apport de chacun dans les réussites de l'équipe.

Les instituts font des efforts pour faciliter la tâche aux équipes multidisciplinaires : ils offrent conseils et formation aux dirigeants et aux participants des équipes, et beaucoup rassemblent maintenant les équipes financées dans le cadre d'ateliers dès le début de la subvention, puis à intervalles réguliers sur toute sa durée. Cela permet aux équipes de discuter de leurs réussites et de leurs défis et d'apprendre de l'expérience des autres.

Améliorer la commercialisation et les relations avec le secteur privé

Compte tenu des conditions économiques défavorables pour l'investissement en recherche par l'industrie des sciences de la vie, il sera particulièrement difficile pour les IRSC d'atteindre l'objectif fixé dans leur plan stratégique, soit d'accroître la commercialisation de la recherche en santé. Avec l'aide du comité consultatif sur la commercialisation, les IRSC redoubleront d'efforts pour créer des liens avec des entreprises et étudier les avantages d'une participation aux programmes de recherche jumelés des IRSC. Ces programmes pourraient devoir être reformulés pour mieux servir les besoins actuels de l'industrie et des investisseurs de capital de risque. En outre, les bureaux universitaires de transfert de la technologie, qui jouent le rôle de gardiens de la propriété intellectuelle développée par les titulaires d'une subvention des IRSC, devront aussi prendre part à la discussion et appuyer les changements.

Nouvelles approches pour le développement de médicaments

L'inefficacité, les dédoublements et le taux d'échec élevé sont des caractéristiques typiques du système actuel de découverte de médicaments. Il a été allégué que « les études cliniques de validation de principe pour les cibles sélectionnées ne devraient plus constituer une étape du processus de commercialisation, mais devraient plutôt être vues comme des expériences scientifiques préconcurrentielles dont les résultats pourraient être accessibles à tous, sans restriction sur leur usage »56, ce qui a mené à la proposition de créer un consortium unissant les milieux universitaire et industriel, qui pourrait mettre au point des sondes cliniques à l'efficacité démontrée chez l'humain pour une vaste gamme de cibles potentielles. Un modèle de partenariat public-privé pour le financement et le développement de la recherche préconcurrentielle innovatrice existe déjà : il s'agit du Consortium québécois sur la découverte du médicament57. L'expansion de ce modèle pour former un consortium national regroupant d'autres organisations, comme le Centre for Drug Research and Development à Vancouver et MaRS Innovation à Toronto, permettrait de réunir sous une même enseigne toute l'expertise collective canadienne et de faire du Canada une destination plus attrayante pour les investisseurs internationaux du domaine pharmaceutique.

Pression accrue sur le financement des IRSC

Bien qu'apprécié, un investissement du gouvernement fédéral dans le personnel, la formation et l'infrastructure génère une augmentation de la demande de fonds de fonctionnement offerts par les IRSC. Une étude publiée en 2007 prévoit que ces investissements additionnels dans la recherche en santé58 accentueront la pression financière sur les IRSC d'environ 400 millions de dollars pour l'année 2010. De plus, la proportion du financement fédéral consacrée aux coûts de fonctionnement de la recherche a chuté, passant de presque 70 % en 1997-1998 à moins de 50 % en 2007-2008. À cette réalité s'ajoutent deux changements, qui mèneront à un accroissement plus marqué du volume de demandes présentées aux IRSC. Tout d'abord, la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé a pris ses distances par rapport à l'allocation de subventions de recherche et pourrait dépenser son fonds de dotation d'ici les prochaines années. Ensuite, le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) a annoncé, en mai 2010, qu'il ne financerait plus la recherche portant principalement sur l'amélioration de la santé, des produits et services de santé ou le système de soins de santé canadien. En 2008-2009, le CRSH finançait 330 subventions et bourses dans le domaine de la santé. Il est à prévoir que ces chercheurs se tourneront vers les IRSC pour financer leurs recherches.

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