Promouvoir un poids santé par des interventions populationnelles au Canada – Messages clés

Godefroy E Guindon
Université de Waterloo (Ontario)

Quel est le problème?

La question du surpoids et de l'obésité fait partie des problèmes de santé publique les plus importants au Canada. Elle découle d'une interaction complexe de facteurs.

La prévalence du surpoids et de l'obésité au Canada et, par le fait même, le fardeau connexe sur la santé et l'économie sont majeurs et sont à la hausse. Au cours des trois dernières décennies, les taux d'obésité ont pratiquement doublé. Par conséquent, au Canada, environ un adulte sur quatre et 8,6 % des enfants et des jeunes sont obèses. Ce problème, combiné à toutes les comorbidités connexes, crée des pressions sur un système de santé déjà surexploité.

Il est difficile de promouvoir un poids santé au niveau de la population en  raison de la nécessité de se pencher sur un large éventail de facteurs biologiques, comportementaux, communautaires, sociaux et environnementaux interdépendants qui contribuent au surpoids et à l'obésité.

Les approches actuelles de promotion d'un poids santé ne sont pas intégrées et ne sont pas axées sur les déterminants sous-jacents du surpoids et de l'obésité.

Que connaissons-nous (à partir de revues systématiques) à propos de trois options viables afin de faire face au problème?

Option 1 – Information et perfectionnement des compétences

Une revue de grande qualité a démontré que les stratégies d'éducation prometteuses comprennent l'application d'un programme scolaire touchant une saine alimentation, l'activité physique, l'image corporelle, l'enseignement des habiletés en matière de mouvements de base et une formation à l'intention des enseignants et du personnel pour qu'ils mettent en oeuvre des stratégies de promotion de la santé. Les revues de qualité moyenne ont souligné les points suivants : efficacité des campagnes d'information et de sensibilisation pour ce qui est d'accroître les connaissances et la consommation d'aliments sains; importance d'adapter l'information fournie par des interventions de sensibilisation; avantages éventuels d'inclure des interventions assistées par ordinateur qui viennent s'ajouter aux interventions habituelles visant la perte de poids; lecture des étiquettes nutritionnelles toujours liée à un régime alimentaire plus sain.

Option 2 – Programmes favorisant la création d'environnements sains

Plusieurs revues systématiques ont fait ressortir des avantages rattachés à cette option. Les revues de grande qualité ont constaté des données probantes selon lesquelles il existe des effets positifs aux programmes scolaires, aux programmes de prévention de l'obésité ciblant les enfants de 6 à 12 ans et aux interventions adaptées faisant la promotion de la marche. Plusieurs revues (dont une de grande qualité) ont démontré qu'il y a certains avantages à faire des interventions en milieu de travail (surtout les revues à plusieurs volets ciblant tant l'activité physique que les habitudes alimentaires). Par ailleurs, les revues de qualité moyenne et faible ont révélé que les programmes de dépistage intensifs à plusieurs volets se sont avérés les plus efficaces et qu'il existait un lien positif entre des environnements bien conçus et les niveaux d'activité physique et taux d'obésité.

Option 3 – Lignes directrices et politiques pour l'établissement d'environnements favorisant une saine alimentation et l'activité physique

Plusieurs revues de grande qualité et de qualité moyenne ont constaté des avantages liés aux mesures incitatives financières et aux prix ayant une incidence sur la demande en aliments et en boissons riches en énergie et en aliments sains. Elles ont également mis en lumière des données probantes indirectes quant aux avantages des interventions visant à restreindre et à réduire les publicités destinées aux enfants portant sur des aliments et des boissons. Les revues de grande qualité ont fait ressortir ce qui suit : les mesures incitatives financières ont un effet positif tant sur l'achat d'aliments que sur la perte de poids; la télévision exerce une influence sur les préférences en matière d'aliments et de boissons, les demandes d'achats, la consommation à court terme ainsi que l'adiposité; la promotion d'aliments influe sur les achats d'aliments que font les enfants. Les revues de qualité moyenne ont démontré que les prix, les taxes et les subventions étaient fortement liés à la demande en aliments et en boissons. Promouvoir un poids santé par des interventions populationnelles au Canada

Quelles implications liées à la mise en oeuvre devons-nous avoir toujours à l'esprit?

Nous pouvons identifier des obstacles possibles à la promotion d'un poids santé à l'aide d'interventions populationnelles au Canada, et ce, au niveau des individus (p. ex. faible niveau de littératie en santé), des fournisseurs (p. ex. absence de coordination et de collaboration entre les fournisseurs au sein d'un même secteur ou entre les secteurs), des organisations (p. ex. manque de cohérence dans le matériel didactique entre les écoles et d'autres milieux) et du système (p. ex. absence de politiques coordonnées entre l'administration municipale, le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral).

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