Dr Rupert Kaul

Corrélats immunologiques de la vulnérabilité au VIH

Université de Toronto, Hôpital General de Toronto

Le Dr Rupert Kaul, professeur à l'Université de Toronto et médecin à l'Hôpital General de Toronto, s'est intéressé à la recherche sur le VIH peu de temps après avoir terminé sa formation clinique en maladies infectieuses. Pour sa première exposition à la recherche, le Dr Kaul s'est rendu à Nairobi, où il a étudié une population de travailleurs du sexe résistants au VIH, sous la surveillance du Dr Frank Plummer de Winnipeg, et a étudié également le lien entre la prévention des MTS et le VIH dans une cohorte distincte avec le Dr Stephen Moses. Abordant la recherche de façon pragmatique, c'est la logistique de la transmission du VIH qui l'a amené à son domaine d'études actuel. Il explique : « Lorsque vous êtes dans le domaine et que vous étudiez la transmission sexuelle du VIH chez les personnes, je pense qu'il est logique de commencer par l'immunologie génitale et le sperme. » Dans ses recherches actuelles, le Dr Kaul se penche sur les corrélats immunologiques de la sensibilité au VIH et la transmission dans des cohortes de personnes au Canada, en Ouganda et au Kenya.

Travaillant en Ouganda dans les cliniques pratiquant la circoncision volontaire afin de réduire le risque de VIH chez les hommes, le Dr Kaul et ses collègues mènent des recherches sur les composantes immunologiques trouvées dans les tissus du prépuce. Appuyé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), l'un volet de son étude portait sur l'examen d'échantillons prélevés chez les hommes ayant une partenaire séropositive au VIH, mais n'ayant pas eux-mêmes contracté le VIH. Les chercheurs ont découvert que l'activation « déprimée » des cellules T dans le prépuce, et la présence d'IgA, qui peut neutraliser le VIH. « L'une des questions que nous essayons d'éclaircir est de savoir d'où provient cette IgA, ainsi que sa spécificité, » de dire le Dr Kaul. « Cela semble un puissant corrélat de protection contre le VIH; nous sommes donc très intéressés. » Au cours de l'année qui vient, les chercheurs essaieront d'en savoir un peu plus sur le rôle de l'IgA dans le prépuce, dans le but d'éclairer la mise au point d'un vaccin.

Le Dr Kaul et ses collègues travaillent également, au Canada, à une étude portant sur les niveaux de VIH dans le sperme après traitement aux antirétroviraux, et leurs résultats en matière de santé publique. Il ressort de la recherche que la thérapie antirétrovirale est associée à une baisse importante du risque de transmission du VIH et à une chute rapide des concentrations de VIH dans le sang, mais il pourrait en être autrement dans le cas du sperme. « Au cours des quelques premiers mois où une personne est en traitement, nous voyons parfois, même si le virus demeure indécelable dans le sang, des concentrations virales très élevées dans le sperme, » explique le Dr Kaul. Ce phénomène semble associé à l'activation immunitaire dans le sperme, déclenchant une activation et une élimination localisée du VIH. « Nous avons constaté cela chez 10 à 15 % des hommes et l'infectiosité peut être présente in vitro. Nous pensons que cela explique probablement pourquoi nous voyons occasionnellement, dans le cadre des essais cliniques, un cas de transmission hâtive lorsqu'une personne commence une thérapie. » Le Dr Kaul ajoute que, d'après ces résultats, il recommanderait à ses patients d'avoir des relations sexuelles protégées pendant au moins plusieurs mois après avoir commencé le traitement, de façon à réduire le risque de transmission.

En qualité de médecin spécialiste du VIH, le Dr Kaul a la chance de voir l'applicabilité directe de ses recherches. Et tandis que sa recherche éclaire sa pratique, ses patients lui fournissent une rétroaction précieuse. « Il est intéressant de les entendre dire ce qu'ils croient être pertinent en termes de transmission du VIH et ce qui, selon eux, sera faisable ou non faisable en terme d'interventions », de dire le Dr Kaul. « J'aime entendre et savoir quels sont leurs problèmes actuels touchant certains paradigmes de la prévention du VIH. » À titre de volet essentiel de la prévention du VIH, le Dr Kaul préconise vivement les traitements et estime que cela appelle un soutien de la part des patients, du gouvernement et du public.

L'Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV), l'Initiative de recherche sur le VIH/sida des IRSC, la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR), le Réseau canadien pour les essais VIH (RCE) et le Bureau de coordination de l'Alliance (BCA) de recherche et de développement de l'Initiative canadienne de vaccins contre le VIH (ICVV) souhaitent adresser leurs remerciements au Dr Kaul et à ses collègues, pour leur contribution importante à notre compréhension du VIH. Leur travail s'inscrit dans le cadre d'un vaste effort canadien qui fait la différence dans la vie des personnes affectées par le VIH, au Canada et de par le monde.

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