Du calme, ce n'est pas un mammouth!
Repenser notre réaction au stress

Crédit Photo : Bonesso Dumas

Récipiendaire d'une subvention du volet Fondation des IRSC

Dre Sonia Lupien
Professeure titulaire
Département de psychiatrie
Faculté de médecine
Université de Montréal

Recherche de la Dre Lupien

Peu importe notre âge, notre cerveau déclenche une réaction de stress face à une menace, réelle ou imaginaire. Ce mécanisme de survie a bien servi nos ancêtres préhistoriques. Lorsqu'un mammouth leur fonçait dessus, ils devaient prendre une décision rapidement, et le stress servait alors à déclencher la réaction de lutte ou de fuite.

Mais, parfois, notre cerveau nous joue des tours.

La Dre Sonia Lupien, chercheuse financée par les IRSC, a mis au point un certain nombre de méthodologies pour nous aider à mettre les choses en perspective. Avant tout, il est important de comprendre que le stress n'est pas toujours nuisible. En fait, il peut nous sauver la vie. La clé, c'est de tempérer notre réaction au stress.

« Lorsque nous savons comment fonctionne le système de stress, il est assez facile de maîtriser la réponse au stress. Mon but principal en recherche est de comprendre le mécanisme du stress pour communiquer cette connaissance au grand public. C'est ce que me permettra de faire la subvention Fondation des IRSC. »

Dre Sonia Lupien

Depuis plusieurs années, la Dre Lupien et son équipe s'efforcent de nous convaincre que, dans la plupart des cas, le stress est une question de perception, et que si le gigantesque mammouth n'est que le fruit de notre imagination, le danger de périodes de stress prolongées est bel et bien réel. 

De là toute l'importance de gérer son stress, et l'utilité de la très populaire méthode CINÉ de la Dre Lupien pour aider des personnes de tous âges à y parvenir. 

Sa recette consiste à décomposer la menace en quatre éléments faciles à comprendre : manque de Contrôle, Imprévisibilité, Nouveauté, Égo menacé (CINÉ) pour évaluer avec justesse le facteur de stress.

Rien à craindre, aucun mammouth à l'horizon.

Contrôle absent

  • Vous êtes pressé de vous rendre à une importante réunion et vous êtes pris dans un énorme embouteillage. Ou encore, on diagnostique chez votre enfant une maladie grave et vous n'avez aucun moyen de soulager sa souffrance.

Imprévisibilité

  • Vous apprenez que les employés de garderie et les professeurs feront la grève, mais vous n'avez aucune idée quand. Ou encore, vous avez un patron d'humeur changeante qui a de nouvelles exigences chaque jour.

Nouveauté

  • Vous devez apprendre à partir de zéro un nouveau programme informatique qui modifie entièrement vos habitudes de travail. Ou encore, vous attendez votre premier enfant.

Égo menacé

  • Un nouvel employé vous demande pourquoi vous faites les choses d'une certaine façon, comme s'il doutait de vos méthodes. Ou encore, vous rencontrez le professeur de votre enfant, qui vous demande combien de temps vous passez à l'aider à faire ses devoirs.

À retenir

Lorsque nous affrontons ou craignons une situation qui nous fait perdre notre sentiment de contrôle, qui est imprévisible ou nouvelle, et qui menace notre égo, nous sécrétons tous des hormones de stress. Savez vous quand vous sécrétez des hormones de stress?

Pouvez-vous reconnaître VOTRE stress?

Reproduit avec l'autorisation du Centre d'études sur le stress humain (CESH)
Source : CESH : Recette du stress

Ce que la Dre Lupien a découvert, en observant et en décodant les mystères qui entourent l'impact du stress sur la mémoire et la fonction cérébrale, c'est le rôle joué par l'hormone de stress, le cortisol, qui fait partie de la famille des glucocorticoïdes, et ses effets sur le cerveau  la vie durant.

Selon la Dre Lupien : « Le stress ne fait pas de distinction entre une personne de 6 ans et une autre de 65 ans. L'activation du système de stress entraîne la production d'hormones de stress chez les deux. Toutefois, la production chronique d'hormones de stress retarde le développement cérébral chez l'enfant de 6 ans, et accélère le vieillissement cérébral chez la personne de 65 ans ».

Les glucocorticoïdes (GC) sont un biomarqueur de stress, qui envoient un message urgent au cerveau en présence d'un danger perçu. La Dre Lupien a conclu que la réaction de l'organisme est clairement différente selon que le stress est aigu (de courte durée) ou chronique (de longue durée), ce dernier étant le plus nocif des deux.

Cette découverte a mené à la création et à la validation d'un programme des plus efficaces, DeStress for Success Program © (Dé-stresse et progresse), orienté vers les adolescents, ainsi que d'un programme éducatif sur le Web pour les adultes, le Stress Inc. Program ©. Les deux sont font utiles pour aider à faire en sorte que le public puisse mieux reconnaître les signes de stress et se servir ensuite de techniques faciles à apprendre pour le gérer. La recherche de la Dre Lupien illustre parfaitement de quelle façon le savoir scientifique acquis en laboratoire peut servir à améliorer notre sort au quotidien.

Appuyer les avancées dans la recherche sur le stress

La Dre Lupien espère tirer parti de cette subvention des IRSC pour faire progresser sa recherche sur le stress, en étudiant ses effets à tous les âges de la vie, notamment en lien avec la santé mentale. Elle espère aussi observer comment les facteurs sociaux influent sur la réactivité et la résilience au stress, en explorant le rapport entre l'utilisation des médias sociaux et le stress, les effets du stress sur le comportement prosocial, ainsi que les effets de situations stressantes sur les personnes qui y sont exposées, en particulier les enfants. Par exemple, la Dre Lupien a découvert des niveaux élevés de glucocorticoïdes chez les jeunes enfants qui grandissent dans des foyers où la pauvreté est omniprésente.

La Dre Lupien et son équipe ont l'intention de consacrer des efforts à essayer de comprendre pourquoi les jeunes adultes sont particulièrement sensibles à ce qu'elle appelle le « technostress ». Soixante-treize pour cent des adolescents et soixante-cinq pour cent des adultes fréquentent des sites de réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. La Dre Lupien croit que tous ces réseaux ne sont pas mauvais en soi, et qu'ils peuvent avoir des effets positifs, y compris procurer une perception accrue de soutien de la part du réseau d'amis virtuels, ou supporteurs, un phénomène qu'elle espère étudier de plus près. 

Au sujet de la Dre Lupien

La Dre Sonia Lupien est la fondatrice et la directrice du Centre d'études sur le stress humain, et elle est professeure titulaire au Département de psychiatrie de l'Université de Montréal.

Date de modification :