Exploiter les données pour mieux mesurer la santé et prédire la mortalité

Le Dr Arnold Mitnitski, professeur-chercheur en médecine à l'Université Dalhousie, a déjà été conjointement nommé aux départements de santé communautaire et d'épidémiologie, de mathématiques et d'informatique. En analysant de vastes échantillons de données tirés des dossiers médicaux de patients âgés et fragilisés, le Dr Mitnitski et son collègue, le Dr Kenneth Rockwood, gériatre de réputation mondiale, ont conçu un indicateur de la santé humaine appelé « indice de fragilité » (IF). L'IF comporte de nombreuses applications en biomédecine, en offrant aux médecins un outil permettant de faire la distinction entre l'âge relatif ou « biologique » d'un patient, et son âge réel ou « chronologique ».

Contexte

Après un certain âge, le taux de mortalité augmente de façon exponentielle et double toutes les 7 à 8 années de vie. Malgré tout, les gens ne meurent pas de vieillesse. Ils accumulent plutôt des affections et maladies liées à l'âge qui augmentent leur vulnérabilité à divers facteurs de stress comme les chutes, les blessures et les infections. La fragilité est un indicateur de cette vulnérabilité, et il est possible de la surveiller par l'observation d'une grande variété d'affections et de signes cliniques.

Dr Arnold Mitnitski

À l'aide de données tirées de bases de données cliniques et épidémiologiques, le Dr Mitnitski et ses collègues examinent différentes affections et attribuent aux patients un IF fondé sur leur nombre de « déficits de santé », divisé par le nombre d'affections examinées. Les déficits de santé, dont la prévalence augmente habituellement avec l'âge, peuvent généralement se définir comme des signes (p. ex. tension artérielle anormale), des symptômes (p. ex. douleur, problèmes de vue), des maladies (p. ex. diabète, cancer), des limitations fonctionnelles (p. ex. difficulté à marcher) ou des résultats de tests anormaux. L'IF peut se calculer à partir d'une liste d'environ 40 déficits potentiels, facilement observables. À l'aide de cet outil, les patients se voient attribuer un score qui est fortement lié à leurs risques de mortalité et de mauvais résultats sur la santé. Les chercheurs ont constaté qu'à mesure qu'un patient vieillit, son IF fournit une mesure plus exacte des perspectives positives ou négatives que son âge. Cette mesure peut être décrite comme un « indicateur d'âge biologique » : des choix thérapeutiques complètement différents peuvent s'offrir à deux patients ayant le même âge biologique, selon leur degré de fragilité. L'IF est utilisé pour évaluer la santé des patients aux soins intensifs afin de prévoir leurs besoins de soins en phase critique, leur réadmission en chirurgie et leur placement en maison de soins infirmiers, entre autres résultats cliniques. L'IF peut servir à surveiller la santé d'individus et à évaluer comment leurs risques peuvent être modifiés par divers traitements.  L'accessibilité accrue des données liées à la santé, comme le contenu des dossiers de santé électroniques, permet aux chercheurs comme le Dr Mitnitski et ses collègues de découvrir de nouvelles méthodes d'évaluation de la santé et de prise en charge thérapeutique.

L'équipe du Dr Mitnitski continue d'améliorer son travail de modélisation en rehaussant la qualité des points de données et la valeur des éléments d'information individuels recueillis. L'IF constitue un indicateur intégré de la santé à la fois puissant et pratique, qui gagne en popularité. Cependant, on explique mal pourquoi l'IF est si fiable. Les Drs Mitnitski et Rockwood, en collaboration avec le Dr Andrew Rutenburg du Département de physique de l'Université Dalhousie, ont récemment conçu un modèle théorique des déficits de santé fondé sur des réseaux complexes, dans le but de mieux comprendre comment les changements dans l'état de santé se reflètent dans l'IF.

Impact

Par l'exploration de vastes échantillons de données médicales tirés des dossiers de santé électroniques de patients âgés, le Dr Mitnitski aide les médecins à mieux évaluer la fragilité de leurs patients. La forte corrélation entre l'IF et les résultats de santé permettra aux médecins et aux autres cliniciens de fournir des évaluations plus précises et des choix thérapeutiques personnalisés aux patients et à leur famille. 

Le Dr Mitnitski et ses collègues sont des pionniers dans l'utilisation de modèles mathématiques et informatiques novateurs pour mieux comprendre comment l'état de santé évolue avec l'âge, ce qui permettra aux médecins de mieux soigner leurs patients, et en particulier les plus âgés.

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