Déclaration de la Dre Charu Kaushic pour la Journée mondiale du sida 2018

Le 1er décembre est la Journée mondiale du sida. Or, il importe que nous sachions que l’infection à VIH demeure un problème de santé majeur dans le monde. Presque 35 millions de personnes à l’échelle du globe vivent encore avec ce virus. Même si des traitements antirétroviraux permettent de maîtriser le VIH, tous n’y ont pas accès. De plus, un diagnostic d’infection à VIH peut entraîner la marginalisation sociale en raison de la stigmatisation et de la discrimination. Certaines personnes à risque peuvent conséquemment refuser de subir un test de dépistage.

La Journée mondiale du sida 2018 a pour thème « Connais ton statut », objectif réalisable par l’éducation du public, qui mènera à l’habilitation individuelle.

Le Canada est en bonne voie d’atteindre les cibles 90‑90‑90 fixées par l’Organisation mondiale de la santé pour le VIH/sida d’ici à 2020, à savoir 90 % des personnes qui vivent avec le VIH doivent connaître leur statut sérologique, 90 % des personnes chez qui le virus a été dépisté doivent recevoir un traitement antirétroviral, et 90 % des personnes qui reçoivent un traitement antirétroviral doivent avoir une charge virale durablement supprimée (ce qui signifie qu’elles ne transmettront plus le virus). La première cible demeure très difficile à atteindre parce que beaucoup de personnes à risque échappent au dépistage pour des raisons complexes. Par conséquent, ces dernières années, le nombre de nouvelles infections à VIH dans le monde est demeuré autour de 1,8 million par année.

C’est pourquoi le thème de cette année, « Connais ton statut » est si important et que nous devons poursuivre notre lutte contre le VIH/sida par la découverte et l’échange de connaissances.

L’Institut des maladies infectieuses et immunitaires des IRSC dirige l’investissement du gouvernement du Canada dans la recherche sur le VIH depuis presque deux décennies. Nos possibilités de financement en cours sont d’excellents exemples des efforts en ce sens. Mentionnons notamment le programme de 10 M$ des centres de recherche sur le VIH/sida, l’hépatite et les autres infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Ce programme, pour lequel les demandes doivent être déposées en décembre, donnera aux scientifiques la chance de mettre en œuvre des interventions axées sur l’innovation et la collaboration en services de santé et en stratégies de santé des populations. Il permettra également de renforcer la capacité des stagiaires et de mobiliser les parties prenantes et les partenaires par une application des connaissances efficace.

En tant qu’immunologue en recherche sur le VIH‑1 à l’Université McMaster, je me penche sur la santé reproductive des femmes pour mieux comprendre pourquoi elles sont plus sensibles aux agents pathogènes transmis sexuellement comme le VIH et le virus de l’herpès. Nous étudions aussi d’autres façons abordables d’améliorer la capacité de l’organisme de résister naturellement à ces infections. À titre de membres d’équipes de recherche exposés au risque de contracter le VIH, nous acceptons volontiers de nous soumettre régulièrement au dépistage du VIH. En en faisant autant, les chefs de file scientifiques, politiques et communautaires feront sauter les obstacles au dépistage et encourageront les gens à s’y soumettre.

La consultation de la communauté constitue un autre volet important de notre mandat de recherche, et nous consultons et communiquons régulièrement les résultats de cette recherche par l’entremise des organisations communautaires africaines, caribéennes et noires à Toronto. Cette façon de faire permet d’informer le public et l’encourage à parler ouvertement des questions relatives au risque, à la prévention, au dépistage et au traitement de l’infection à VIH. Elle aide aussi à donner les moyens aux individus de connaître leur statut sérologique afin qu’ils puissent prendre les mesures nécessaires pour obtenir de l’aide sans stigmatisation sociale ni psychologique.

En cette Journée mondiale du sida, nous vous encourageons à connaître votre statut sans crainte de stigmatisation et de discrimination pour que nous puissions aider le Canada à atteindre ses cibles 90-90-90 d’ici à 2020.

Dre Charu Kaushic
Directrice scientifique
Institut des maladies infectieuses et immunitaires des IRSC

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