Affronter une épidémie : la réponse du Canada à la crise des opioïdes

Des Canadiens de tous les milieux ont profondément ressenti les effets de l’utilisation problématique des opioïdes, et la crise continue de faucher des vies à une vitesse alarmante. En réalisant des investissements dans la recherche ciblée axée sur les priorités, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) peuvent mobiliser les chercheurs en vue d’affronter des menaces telles que la crise des opioïdes en augmentant la sensibilisation à ce sujet et notre capacité à y répondre.

Par l’intermédiaire de la subvention de fonctionnement Synthèse des connaissances sur la crise des opioïdes, les IRSC appuient les efforts déployés en vue de s’attaquer aux enjeux les plus urgents de la crise et d’étudier des stratégies qui pourraient réduire les taux de mortalité liée aux opioïdes.

En partenariat avec la Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances, l’Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies et l’Institut des services et des politiques de la santé des IRSC ont investi plus de 1,8 million de dollars dans le financement de 22 projets, associant des équipes de chercheurs à des utilisateurs de connaissances, partout au Canada.

Dr Joshua A. Rash, de l’Université Memorial de Terre-Neuve : Healthcare provider knowledge, attitudes, beliefs and practices around prescribing opioids to manage chronic non-cancer pain

Dr Joshua Rash
Professeur adjoint
Département de psychologie
Université Memorial de Terre-Neuve

Les analgésiques opioïdes peuvent soulager la douleur et améliorer les capacités fonctionnelles de nombreux patients, mais la décision d’en prescrire est compliquée et n’est pas sans risque. Les lignes directrices de pratique clinique aident les professionnels de la santé et leurs patients à décider si les bienfaits potentiels surpassent les risques. Le Dr Rash (en anglais seulement) a collaboré avec des chercheurs, des patients et des décideurs de partout au Canada pour examiner 96 études portant sur les connaissances, les attitudes et les croyances de près de 18 500 professionnels de la santé en vue de comprendre en quoi ces facteurs influent sur les pratiques de prescription d’opioïdes. Ces personnes ont observé que les professionnels règlementés suivent les lignes directrices en matière de traitement dans environ 50 % des interactions. Les raisons motivant le non-respect des recommandations comprenaient des préoccupations concernant la possibilité d’une mauvaise utilisation et d’effets secondaires du produit, le détournement des médicaments, le contrôle des organismes de règlementation et les inquiétudes du praticien quant à la mise en œuvre de recommandations complexes. Les interventions ciblant les croyances des professionnels de la santé et offrant des outils éducatifs et pratiques se sont avérées susceptibles d’améliorer la conformité aux lignes directrices de pratiques cliniques.

Dres Corinne M. Hohl (en anglais seulement) et Jessica Moe (en anglais seulement), Université de la Colombie-Britannique : Naloxone Dosing in the Era of Ultra-Potent Opioid Overdoses

Dre Jessica Moe
Hôpital général de Vancouver et Hôpital pour enfants de la C.-B.
Professeure adjointe, Université de la C.-B.

Dre Corinne Hohl
Hôpital général de Vancouver et Hôpital pour enfants de la C.-B.
Professeure agrégée, Université de la C.-B.

Les Dres Corinne M. Hohl (en anglais seulement) et Jessica Moe (en anglais seulement), ainsi que leur équipe de l’Université de la Colombie‑Britannique (C.-B.), souhaitaient mieux comprendre l’efficacité de la naloxone, un antidote aux opioïdes, dans la neutralisation des surdoses attribuables à des opioïdes extrêmement puissants et de plus en plus courants, comme le fentanyl. Elles ont analysé 174 études portant sur l’administration de naloxone pour neutraliser une toxicité non médicale chez 26 660 patients, comparant la dose de naloxone nécessaire pour neutraliser les effets d’opiacés moins puissants, comme la morphine et l’héroïne, à celle requise contre les opioïdes très puissants. Elles ont déterminé qu’en Amérique du Nord, les doses habituelles de naloxone étaient moins efficaces pour neutraliser les surdoses de fentanyl et de ses puissants nouveaux analogues, et que la neutralisation de ces substances nécessitait des doses généralement plus élevées, comparativement à l’héroïne et d’autres opioïdes. Cette étude pourrait avoir d’importantes conséquences sur l’élaboration de lignes directrices en matière de traitement à l’intention des premiers répondants dans les collectivités où l’utilisation d’opioïdes extrêmement puissants est répandue.

Dres Andrea Furlan et Nancy Carnide, Institut de recherche sur le travail et la santé (Toronto) : Informing an “All Hands on Deck” approach to the opioid crisis

Dre Nancy Carnide
Chercheuse associée
IRTS
Université de Toronto

Dre Andrea Furlan
Professeure agrégée
Département de médecine
Université de Toronto

À l’Institut de recherche sur le travail et la santé (IRTS) de Toronto, les Dres Andrea Furlan (en anglais seulement) et Nancy Carnide (en anglais seulement), ainsi que leur équipe, ont examiné 51 études réalisées au cours des cinq dernières années qui se penchaient sur l’efficacité de diverses stratégies pour contrer la crise des opioïdes. Elles ont cerné un certain nombre de stratégies de prévention prometteuses pour gérer cette crise, dont l’élaboration de règlements, de programmes éducatifs et de stratégies relatives aux pratiques cliniques axées sur divers objectifs, y compris les habitudes de prescription des opioïdes, leur utilisation problématique et les visites aux urgences liées à ceux-ci. L’amélioration des stratégies de pratique clinique a aussi eu une incidence sur les populations présentant des comportements de recherche d’opioïdes, mais la documentation récente ne comporte pas suffisamment de données concernant l’efficacité de ces stratégies de même que celles ciblant d’autres sous-groupes à haut risque. Afin de s’attaquer à la crise des opioïdes, les auteures suggèrent que ces stratégies soient prises en compte dans la Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances, un pilier de la prévention. Le nombre insuffisant d’études n’a pas permis aux chercheuses de recommander des stratégies similaires visant l’atteinte des objectifs du traitement, la réduction des méfaits et l’application de la loi.

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