Soulager la douleur… à son rythme!

L’expérimentateur (Wenbo Yi) applique au participant (Andrii Smykovskyi) une thermode en vue de lui causer une douleur par la chaleur. Simultanément, le participant écoute dans un casque une pièce de musique sélectionnée pour lui et doit noter sa sensation de douleur au moyen d’échelles visuelles analogues affichées à l’écran. Photographe : Mikaila Tombe

Chez chacun de nous, le corps humain suit un rythme naturel, lequel, nous le savons aujourd’hui, soulage la douleur.

Le Dr Mathieu Roy et la Dre Caroline Palmer, de l’Université McGill, ont découvert que la musique dont le tempo suit le rythme interne d’une personne (soit son taux de production spontanée) aide à soulager la douleur, même si le mécanisme biologique sous-jacent doit être étudié davantage.

Cette découverte pourrait offrir un grand soulagement aux quelque 20 % de Canadiennes et Canadiens qui souffrent de douleurs chroniques.

« Notre hypothèse : si on fait écouter à un patient une pièce musicale qui suit le rythme précis de son taux de production spontanée, cela pourrait causer une forte hypoalgésie, explique le Dr Roy, et c’est exactement ce que nous avons trouvé. »

En plus de l’approche thérapeutique liée à la musique, le laboratoire du Dr Roy étudie des exercices contre la douleur chronique et des facteurs comme les attentes et les émotions. Les approches non médicamenteuses comme se distraire ou pratiquer son activité favorite peuvent aider à atténuer les douleurs chroniques ou aiguës. Par exemple, si vous aimez beaucoup les échecs, y jouer réduira considérablement votre douleur.

« En ce qui concerne la douleur chronique, notre équipe étudie les facteurs qui ont un effet sur la douleur même et aide les personnes à s’adapter à leur état », ajoute le Dr Roy.

Deux pistes de recherche future se tracent : étudier le mécanisme biologique précis entre la musique et le soulagement de la douleur; et déterminer la meilleure façon d’appliquer les résultats à grande échelle.

« Ce serait relativement facile à mettre en place, explique le Dr Roy. Enregistrer le taux de production spontanée se fait très facilement; il suffit ensuite d’y apparier de la musique de même rythme. » Selon le chercheur, cela pourrait être aussi simple que de faire jouer une chanson au rythme adéquat sur Spotify. Toutefois, la portée des pratiques thérapeutiques est encore plus vaste si l’on combine cette recherche à une thérapie musicale structurée où un intervenant travaille individuellement avec un client afin de répondre à ses besoins complexes.

« Il s’agit simplement de recourir à la musique comme on recourt à une pilule », illustre-t-il.

Globalement, « la musique comme remède » que décrit le Dr Roy est une intervention à faible coût sans effets secondaires néfastes et, pour quelqu’un qui souffre de douleur aiguë ou chronique, la recherche montre que cette solution procure un certain soulagement.

En bref

L’enjeu

C’est souvent par voie médicamenteuse que l’on soulage la douleur. Cependant, des options non médicamenteuses, notamment la musique, permettent également d’atténuer la sensation de douleur. Puisque 20 % de la population canadienne souffrent de douleur chronique, trouver de nouvelles méthodes qui n’impliquent pas le recours à des médicaments aurait de grandes répercussions.

La recherche

Financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), le Dr Roy et la Dre Caroline Palmer ont démontré que faire jouer de la musique au même rythme que le taux de production spontanée du patient se traduit par une baisse mesurable de la douleur. Une pièce de musique dont le tempo correspond au rythme interne du patient atténue la douleur de façon plus importante qu’une pièce de musique au tempo plus rapide ou plus lent.

Pour toute demande de renseignements, écrivez à wenbo.yi@mail.mcgill.ca.

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